Nous ne sommes rien, soyons tout

technique

Nous ne sommes probablement rien face à l’immensitude totalitaire de l’Empire du Bien. Les nouveaux rebelles en peau de lapin ont envahi les places, l’idéologie progressiste les esprits. Il ne reste presque plus rien de l’ombre trop auguste d’un passé qui nous rappelle trop souvent notre propre médiocrité. Rien ne devrait résister à ces nouvelles idoles, homologuées et numérotées à leur sortie d’usine, que sont la Technique, le Capital, le Progrès et la Modernité. Les vieilles lubies que nous entretenions au sujet de la patrie, de la société ou de l’Église ne sont que des indésirables que le Nouveau Pouvoir s’est empressé de liquider avec la même ferveur que celle du temps où il les utilisa dans le but de les dépasser. Mais au milieu des fragrances du déracinement orchestré par les Bien-Pensants, nous nous tenons fièrement, invisibles, prêts à renverser l’écume stagnante de la Loi d’Airain dont la minorité se sert pour mettre la multitude à genoux. Accattone ne cédera rien aux sirènes de la tolérance, ni à celles du Progrès, et c’est pourquoi nous avons convoqué Georges Bernanos. Comme lui, nous nous dressons face à cette civilisation des machines qui cherche à nous écraser par son génocide culturel, et comme lui, nous n’aurons jamais assez épuisé notre rage pour lutter contre elle. Parce que son combat est celui que menèrent des hommes comme Pasolini ou Chesterton contre le désenchantement du monde, il était primordial de rappeler au bon souvenir des collaborateurs de la Technique ce qu’est la force révolutionnaire du passé. Et si nous, lucioles résistantes au milieu de cette civilisation inhumaine, ne sommes rien, alors soyons tout.

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